L'approche écorégionale

Le WWF a choisi une stratégie originale d'identification et de classement fonctionnel des écosystèmes fondée sur le concept d'écorégion.

Une écorégion est une unité spatiale, terrestre, aquatique, ou marine où plusieurs caractéristiques environnementales (climat, pédologie, géologie, hydromorphologie, etc.) concourent à la formation de peuplements animaux et végétaux plus ou moins homogènes.

Ce nouveau découpage découle d'un constat simple : la conservation des ressources naturelles requiert une planification qui dépasse le cadre spatial et temporel des projets classiques, de petite taille et limités à un pays. Le choix d'une partition écorégionale s'appuie sur plusieurs éléments :

• La protection de sites isolés ne permet pas d'atteindre les objectifs généraux de préservation de la biodiversité : présentation de toutes les communautés naturelles distinctes, maintien des processus écologiques et évolutifs, maintien d'effectifs de population permettant d'assurer la pérennité des espèces et de limiter l'apauvrissement génétique, entretien de la capacité de résilience face à des perturbations périodiques ou prolongées.
• Des menaces telles que la déforestation, les changements climatiques et le braconnage sont communes à plusieurs pays et requièrent une approche globale, systémique.
• Une stratégie multisectorielle développée à l'échelle écorégionale aura une influence accrue sur les décisions politiques et les bailleurs de fonds.

Les écorégions correspondent à la distribution des peuplements végétaux et animaux et s'affranchissent des frontières politiques. Elles constituent une entité écologique cohérente pouvant faire l'objet d'une politique de conservation adaptée et rationnelle.

L'approche écorégionale a pour objectif de rendre fidèlement compte de la multiplicité des facteurs influant sur les peuplements animaux et végétaux. Pour cela, son spectre d'action est élargi à l'étude socio-économique des acteurs d'une écorégion, à l'identification de leurs effets sur la biodiversité et à la mise en place d'une concertation entre toutes les parties prenantes.

Cette méthode est particulièrement adaptée à la situation des aires protégées de Petit Loango-Moukalaba où les interactions entre les compagnies pétrolières, la population, les opérateurs touristiques et l'environnement sont très étroites. Une approche purement environnementaliste ne pourrait fournir les outils nécessaires à une conservation durable de la biodiversité dans le sud-ouest du Gabon. L'intégration des contraintes économiques et sociales est ici un pré-requis indispensable à toute action en faveur de la protection de la nature et l'antenne WWF à Gamba a entamé une démarche active de rapprochement des acteurs locaux (voir Le rôle du WWF).

Les écorégions d'Afrique Centrale

• l'Ecorégion Forestière Atlantique Equatoriale (Ecorégion 8)
• l'Ecorégion Forestière du nord-ouest du Bassin du Congo (Ecorégion 12)
• l'Ecorégion Forestière du Bassin du Congo (Ecorégion 15)

La spécificité des aires protégées de Petit Loango - Moukalaba

Les aires protégées de Petit Loango - Moukalaba, situées dans le bloc forestier du bassin du Congo, se distinguent par la rencontre de trois écorégions. Cette confrontation d'habitats explique la grande variété des paysages et la diversité faunique et botanique exceptionnelle de la zone. Le centre-nord et l'est des aires protégées (domaine de chasse de Ngové-Ndogo, aire d'exploitation rationnelle de faune des Monts Doudou et de la Moukalaba-Dougoua) appartiennent à l'écorégion 8 : la forêt équatoriale atlantique. Au sud et dans les régions lagunaires prend place l'écorégion 43 : la mosaïque forêt-savane ouest congolaise. Enfin, la côte atlantique courant de Mayonami à Iguéla comporte des mangroves caractéristiques de l'écorégion 116 (mangroves côtières guinéo-congolaises).