La forêt tropicale humide : forêt primaire et forêt secondaire

La forêt tropicale humide du complexe d'aires protégées est à l'image de l'ensemble du couvert forestier du Gabon (Tropical Evergreen Lowland Forest). Généré par les conditions climatiques particulières du pays (notamment une hygrométrie très élevée), ce type de végétation s'étend sur la majorité du territoire. Les forêts du Gabon sont comparativement plus riches que les autres forêts d'Afrique et on en estime la diversité spécifique botanique à 8000-10000 espèces. De plus, les forêts gabonaises sont peu altérées malgré l'exploitation du bois et le complexe d'aires protégées offre un panel très représentatif de la situation du pays. Les études menées dans l'Aire d'Exploitation Rationnelle de Faune des Monts Doudou ont confirmé le statut des aires protégées comme zone prioritaire en terme de diversité végétale. La flore locale reste toutefois largement méconnue et les campagnes d'inventaires menées jusqu'alors ont permis de découvrir plusieurs espèces parmi les genres Commitheca, Begonia et Impatiens. On a également découvert un arbre d'une quarantaine de mètres de hauteur dans la région de Rabi (domaines de chasse de Ngové Ndogo et d'Iguéla), le Xanthoceris rabiensis.
  Les recherches menées par l'université de Wageningen, le Missouri Botanical Garden, le Centre National de Recherche Scientifique et Technique de Libreville, l'Herbier National et le WWF ont permis de caractériser la forêt tropicale humide du complexe et d'isoler les spécificités des forêts primaires et secondaires, qu'elles soient inondées ou non.

Les forêts de plaine inondée (Flood Plain Forest), temporaire ou permanente, situées autour des cours d'eau présentent une physionomie similaire à celle des forêts plus élevées (Upland Forest) mais la canopée y est plus basse et les différences botaniques très claires.  Quelques espèces y sont dominantes, comme Gilbertiodendron unijugum, Lecomtedoxa sp. et Gluema sp.

Les forêts épargnées par les inondations périodiques sont caractérisées par une grande diversité spécifique. La canopée est dominée par Tesmannia africana et Monopetalanthus pellegrini.

La forêt tropicale humide est présente partout dans le complexe, sous la forme de forêt secondaire adulte (AERF de la Moukalaba-Dougoua, domaines de chasse d'Iguéla, de Ngové Ndogo et de Setté Cama) ou de forêt primaire non inondée (AERF des Monts Doudou). Les forêts à Okoumé se situent essentiellement dans le domaine de chasse de Moukalaba et en bordure de la lagune Ngové, dans le domaine de chasse d'Iguéla.

Forêt primaire et forêt secondaire

Classiquement, le terme de forêt primaire désigne toute forêt où l'action de l'homme a été effacée. On estime qu'une forêt non altérée par l'activité humaine depuis 2 ou 3 siècles peut être considérée comme forêt primaire. Les Césalpinacées sont caractéristiques des forêts primaires (Monopetalanthus, Berlinia, Beilschmedia, Guibourtia). Les forêts secondaires succèdent à une perturbation anthropique et constituent une phase de transition avec la forêt primaire. On distingue les forêts secondaires adultes et jeunes mais l'identification et le classement d'une forêt dans une de ces deux catégories deviennent hasardeux à mesure que la formation évolue du stade secondaire au stade primaire. A la différence des forêts primaires, les forêts secondaires adultes sont souvent difficiles d'accès du fait de la présence de nombreuses lianes et de la densité d'arbres de taille moyenne (par opposition à la densité moindre et la taille supérieure des arbres rencontrés dans une forêt primaire). On y trouve des essences d'intérêt économique comme l'Okoumé ou l'Ozigo ainsi que des essences secondaires comme Guibourtia spp., Mytragina ciliata, Dacryodes buettneri, Microberlinia brazzavillensis, Staudtia gabonensis, Sacoglottis gabonensis,...

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La forêt tropicale humide est représentée en vert sur cette carte du complexe des aires protégées. On remarque l'homogénéité de la formation végétale dans la région des Monts Doudou. La fragmentation de cet écosystème est due au réseau hydrographique (lagunes et nombreux cours d'eau) ainsi qu'a l'activité humaine dans le sud du complexe et dans la région de Moukalaba.

La forêt humide, en direction de Rabi

Forêt primaire de moyenne altitude dans les Monts Doudou, une zone très fréquentée par les éléphants comme en témoigne la large piste.